samedi, janvier 29, 2011

 

tunisie toujours

Sur le site www.realpolitk.tv lancé par Ayméric Chauprade il y a un an, on trouve un commentaire de Bernard Lugan dans lequel il dit sensiblement la même chose le 25 janvier, que le commentaire que j'ai transmis le 15. Ce message est suivi d'un commentaire d'Ayméric Chauprade, que je vous livre:Source : www.realpolitik.tv

Je souscris à l’analyse de Bernard Lugan mais j’y ajoute un bémol. Le devoir de dirigeants qui œuvrent au développement de leur pays est néanmoins de rester exemplaires. Or nul ne pourra contester que le clan Trabelsi (épouse du président) a joué un rôle extrêmement néfaste lequel a nourri le mécontentement et la frustration des petites gens.
Par ailleurs, il faudra bien commencer à s’interroger sur le rôle des États-Unis dans cette révolution. Washington, dont les relations avec le régime Ben Ali s’étaient fortement dégradées ces derniers mois, a clairement montré sa bienveillance à l’égard de cette dynamique populaire que je ne crois pas purement spontanée. Ben Ali était suspecté par le département d’État d’entretenir des relations souterraines et complaisantes avec l’Iran.
La question qu’il va falloir sérieusement se poser, eu égard par exemple au rôle de Wikileaks (diffusion d’informations précises sur l’enrichissement du clan Trabelsi) est de savoir si la mise en œuvre du « smart power » n’est pas engagée. En d’autres termes, la continuité de la politique révolutionnaire des États-Unis dans le monde après l’ère volontariste de George W. Bush, mais de manière moins visible, par le biais de la guerre de l’information et de l’influence. Des révolutions de velours… à la révolution de Jasmin.

vendredi, janvier 21, 2011

 

Tunisie: ça commence

Vu dans DaoudalHebdo:
"La Tunisie était, comme la plupart des pays arabo-musulmans, dirigée par un clan qui s’en mettait plein les poches. La spécificité de celui de Ben Ali est qu’il avait modernisé son pays de façon spectaculaire et qu’il avait vigoureusement contenu l’islamisme (le seul autre exemple est celui de Saddam Hussein, en plus… rude). Malgré la politique « laïque » de Ben Ali, la montée de l’islamisme était visible ces derniers temps en Tunisie. Mais on fait semblant de ne rien voir. Pire, la désinformation bat son plein. Le Figaro, par exemple, affirme que le mouvement El-Nahda (renaissance islamique) de Rachid Ghannouchi (ne pas confondre avec le Premier ministre qui a le même nom) est un parti modéré, qui n’a jamais basculé dans la violence, dont le chef «estime l'Islam compatible avec un régime démocratique multipartite et prône le dialogue avec l'Occident». Et de toute façon l’islamisme n’était qu’un épouvantail brandi par l’ancien dictateur pour conforter son pouvoir… Preuve en est que El-Nahda n’avait obtenu que 14 % des voix aux législatives de 1989, avant d’être interdit.
La vérité est que El-Nahda fut directement impliqué dans un certain nombre de violences graves. Ghannouchi fut condamné à mort sous Bourguiba puis gracié par Ben Ali. En 1989 il partit en exil avec un passeport… soudanais. L’année suivante il participait au congrès islamique de Téhéran et disait : «Les premières lueurs de l'islam apparaissent, ainsi que les promesses d'un islam victorieux, avec un Etat islamique international (…). L'adversité est de nature à éveiller notre nation, et à l'inciter au jihad, à l'union et au combat contre ces régimes traitres qui nous oppriment.» Il n’a jamais varié sur ces positions, et en 2001, dans son livre Au nom dʼOussama Ben Laden, Roland Jacquard le comptait parmi les six principaux inspirateurs de la mouvance islamiste la plus radicale dans le monde. Enfin on ajoutera que lors des dernières élections libres au Soudan, en 1986, les islamistes qui prirent le pouvoir trois ans plus tard avaient recueilli 7 % des voix. El-Nahda est désormais légalisé comme tous les partis qui avaient été interdits, et Rachid Ghannouchi va revenir de son exil londonien dès que la loi d’amnistie sera promulguée (il fut de nouveau condamné, à la détention à perpétuité, en 1992). Certes, le pire n’est jamais sûr. Mais la vraie question qui paraît se poser est de savoir maintenant quel pays, de l’Egypte ou de la Tunisie, aura le premier un gouvernement islamiste. Sans oublier que l’on a appris à la faveur de ces événements qu’il y a au moins 600000 Tunisiens vivant en France…"

mercredi, janvier 19, 2011

 

Tunisie

Après des mois d'absence de ce blog, due à des urgences familiales, voyages aux Etats Unis, problèmes de santé et, j'avoue, un certain découragement devant les dérives de notre société, dérives de plus en plus nombreuses et de plus en plus graves, de plus en plus contraires au bien commun et à la loi naturelle. Enfin. Ne baissons pas les bras et essayons de raison garder, dans l'espérance.

Lu sur le blog lesalonbeige, ce commentaire de Bernard Lugan, suivi d'un commentaire qui donne aussi à réfléchir. :
1) Certes le président Ben Ali n’était pas l’illustration de la démocratie telle que la connaissent une trentaine de pays sur les 192 représentés à l’ONU, certes encore, de fortes disparités sociales existaient en Tunisie, mais, en vingt ans, il avait réussi à transformer un Etat du tiers monde en un pays moderne attirant capitaux et industries, en un pôle de stabilité et de tolérance dans un univers musulman souvent chaotique. Des centaines de milliers de touristes venaient rechercher en Tunisie un exotisme tempéré par une grande modernité, des milliers de patients s’y faisaient opérer à des coûts inférieurs et pour une même qualité de soins qu’en Europe, la jeunesse était scolarisée à 100%, les femmes étaient libres et les filles ne portaient pas le voile.
2) Aujourd’hui, tout cela est détruit. [...] Les journalistes français, encore émoustillés à la seule évocation de la « révolution des jasmins » cachent aux robots qui les lisent ou qui les écoutent que le pays est en quasi guerre civile, que les pillages y sont systématiques, que des voyous défoncent les portes des maisons pour piller et violer, que les honnêtes citoyens vivent dans la terreur et qu’ils doivent se former en milices pour défendre leurs biens et assurer la sécurité de leurs familles. Les mêmes nous disent doctement que le danger islamiste n’existe pas.[...]
3) La cécité du monde journalistique français laisse pantois. Comment peuvent-ils oublier, [...] que les mêmes trémolos de joie indécente furent poussés par leurs aînés lors du départ du Shah en Iran et quand ils annonçaient alors sérieusement que la relève démocratique allait contenir les mollahs ?
4) Le prochain pays qui basculera sera l’Egypte et les conséquences seront alors incalculables. Le scénario est connu d’avance tant il est immuable : un président vieillissant, des émeutes populaires inévitables en raison de l’augmentation du prix des denrées alimentaires et de la suicidaire démographie, une forte réaction policière montée en épingle par les éternels donneurs de leçons et enfin le harcèlement du pouvoir par une campagne de la presse occidentale dirigée contre la famille Moubarak accusée d’enrichissement. Et la route sera ouverte pour une république islamique de plus ; tout cela au nom de l’impératif démocratique…

Commentaires :
Le taux de scolarisation de 100% est peut-etre justement un probleme. Pour citer l'excellent Theodore Dalrymple (http://www.city-journal.org/2011/eon0111td.html - desole pour la V.O.):
"Societies on both sides of the Mediterranean suffer from what one might call diplomatosis. This dangerous disease is caused by the assumption that, since a modern economy requires educated people, the more educated people it can call upon—as measured by the average number of years in school—the more productive that economy will be. On this view, education is in itself the motor of growth, and the demand for educated labor will automatically keep up with, if not outstrip, the supply.[...]
"No policy could be more dangerous, more certain ultimately to produce a social explosion, than to educate young people for many years and deny them first the opportunity to earn a living that they believe is commensurate with their education, and then the opportunity to earn a living at all."

( Ma traduction vite faite: "Les sociétés des deux côtés de la Méditerranée soufrent de ce qu'on pourrait appeler diplomatosis. Cette maladie dangereuse est causé par la supposition que, puisqu'une économie moderne requiert des gens éduqués, plus il y a des gens éduqués auxquels elle peut faire appel (mesuré par le nombre moyen d'années de scolarisation ) plus cette économie sera productive. Selon cette idée, l'éducation est en elle-même le moteur de croissance, et la demande de travailleurs éduqués sera égale sinon plus grande, que le nombre de travailleurs éduqués.(...)
Aucune politique ne pourrait être plus dangereuse, plus certaine en dernier ressort de produire une explosion sociale, que celle d'éduquer la jeunesse pendant de nombreuses années, puis leur refuser d'abord l'occasion de gagner leur vie à un niveau qu'ils estiment correspondre à leur éducation, puis l'occasion de gagner leur vie tout court."

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